Une adresse de Mr J. Ping à la population gabonaise

Mes chers compatriotes,

La semaine qui vient de s'écouler fut extrêmement dense en labeur et en émotions.
Labeur tout d'abord car c'est un travail de longue haleine pour lequel mes camarades et moi-même nous sommes investis. Un travail nécessaire car ce début de tournée à Franceville tout d'abord, puis à Libreville ensuite, à la rencontre des populations, nous ont appris que la situation individ...uelle de nos concitoyens est encore pire que ce que nous pouvions imaginer.
La précarité dans laquelle vivent les gabonais est connue depuis longtemps. Mais il existait une joie de vivre qui s'est éteinte.
Que cela soit dans le Haut-Ogooue ou dans l'Estuaire, les mêmes craintes, les mêmes souffrances, les mêmes désillusions face à un régime qui semble totalement sourd aux plaintes du peuple.
Du petit coiffeur d'Akebe au chef d'entreprise de BTP, du malien au vendeur de voiture libanais, tous me disent la même chose : le pays n'avance plus ! L'argent ne circule qu'entre quelques mains.
J'ai parlé avec un ouvrier qui se plaignait des retards de salaire ; un autre entrepreneur français qui me disait plier bagage pour s'installer à Brazzaville où les conditions d'entrepreneuriat  étaient nettement plus favorable ! Je pourrais citer des dizaines et des dizaines d'exemples de doléances de la part des personnes que j'ai eu l'opportunité de rencontrer.
Alors, oui, mes amis, c'est un travail titanesque sur lequel nous avons décidé de nous atteler mes camarades et moi-même.
Et nous vous garantissons que nous avons conscience de la difficulté et l'importance de cette tâche. Mais nous vous garantissons aussi que nous sommes heureux de prendre cette initiative car nous savons tous, que nous sommes d'une certaine manière, responsable de cette situation et que nous avons une dette envers le pays.
Personnellement, j'ai cru qu'Ali Bongo pourrait être un bon président. Comme d'ailleurs, je pense, beaucoup d'entre vous. Nous avons cru en ses paroles, ses maquettes, ses projets d'émergence, ses plans pour le futur. Je dois avouer que je me suis fait embobiner proprement.
Le temps passant, les inquiétudes se sont élevées de plus en plus. D'abord la brutalité avec laquelle il mit de côté de valeureux collaborateurs gabonais au profit d'une clique de gangsters étrangers n'ayant pour seule compétence que d'avoir garder les portes d'un night club ou d'avoir vendu un ou deux appartements en Ile de France.
Ensuite, la non-réalisation de projets pourtant annoncer comme fer de lance du renouveau. La création de 5.000 logements par an pour n'en citer qu'un, les autres vous étant tous bien connus.
Enfin, la gabegie financière qui est, je n'ai pas peur des mots, un véritable hold-up de l'Etat gabonais. Les caisses de l'Etat sont vides et nous ne vivons que par les rentrées mensuelles de quelques postes tels que les impôts, le Port, le Pétrole. et encore !
Ils en sont à rançonner les entreprises étrangères qui se voient contraintes de fuir et s'installer chez nos voisins.
Je parlais aussi d'émotions durant cette semaine. Je ne parlerai que des émotions positives car je ne veux retenir que celles-là.
Ce fut une immense joie de côtoyer mes sœurs et frères gabonais, d'être parmi vous et de discuter avec vous de vos problèmes et de vos souffrances.
Sachez que nous vous avons entendu, que nous vous avons compris. Nous avons compris ce que vous attendez de nous et croyez-moi, vous ne serez pas déçu.
Je sais que par le passé, nombre d'opposants vous ont promis monts et merveilles ; que vous avez placé tout vos espoirs en eux et qu'à présent, la seule idée vous venant à l'esprit c'est "je doute".
Je vous demande dès lors de la patience et le temps vous démontrera, par nos actions, que nous sommes très sérieux et motivés à mettre un terme à un régime qui aura placé le gabonais plus bas que terre, chez lui, sur son propre sol comme à l'étranger. Un régime qui aura cherché à enlever la dignité au gabonais.
Mais je le dis ici comme je l'ai proclamé devant vous : Il est très très clair que le gabonais ne se laissera pas marcher dessus impunément ! Nous avons la force et l'envie de nous relever.
Dès lors, mes chers compatriotes, je vous tiendrai au courant de l'évolution de la situation.
Dans les semaines qui suivent, nous vous communiquerons notre Plan d'Actions et préciserons notre vision pour l'avenir du Gabon afin de le sortir de l'ornière dans laquelle Ali Bongo Ondimba l'a brutalement jeté.
Nous irons jusqu'au bout !!!

Source : J. Ping