L’émergence gabonaise est une illusion économique !?

Quand nous avons lancé l’idée du Gabon comme « pivot » de la prochaine zone émergente du monde (le Golfe de Guinée), au premier semestre 2009, il ne s’est pas agit de faire du seul « Gabon un pays émergent », ce qui est un rêve car le marché gabonais (quelques centaines de milliers de consommateurs) est trop faible pour évoluer tout seul. Nous avons voulu faire comprendre à ceux qui gouvernent l’Afrique et à ceux qui aspirent à prendre le pouvoir au Gabon, que le monde ayant changé, l’Afrique devait absolument changer. http://www.legrigriinternational.com/article-30239039.html

Accident d’un hélicoptère français au large du Gabon

Le 18 janvier 2009, un hélicoptère français s’est mystérieusement écrasé dans le Golfe de Guinée, au large des côtes gabonaises, entrainant la mort de militaires des Forces Spéciales françaises. L’appareil participait à un exercice bilatéral, appelé N’Gari, de coordination d’opérations de sécurisation maritime avec les forces gabonaises. Cette manœuvre devait normalement se dérouler du 17 au 21 janvier, avec près de 600 militaires engagés, des hélicoptères Cougar et Fennec ainsi qu’un C-160 Transall. Au moment de l’accident, les conditions météorologiques ne semblaient pas spécialement mauvaises, selon l’état-major des armées. L’hélicoptère a disparu au large de Nyonié, située entre Libreville et la ville de Port-Gentil, au sud du pays. http://www.opex360.com/2009/01/18/accident-dhelicoptere-au-gabon-10-militaires-francais-disparus/

Nous nous sommes alors étonnés au Trocadéro (quand les Gabonais n’y manifestaient pas encore) du black out qui régnait autour de cet accident et avons appelé Nicolas Sarkozy à avoir le courage d’inaugurer un nouveau cycle politique entre la France et l’Afrique. Mais l’homme du Fouquets n’a pas accordé d’importance à cet « appel » du 19 janvier 2009 place du Trocadéro, lui qu’on avait vu recevoir dès son élection en 2007, en priorité l’Égyptien Hosni Moubarak et le Gabonais Omar Bongo. http://www.dailymotion.com/video/xbzgcf_bruno-ben-moubamba-le-19-01-09-au-t_news

Oui, bien entendu, nous avons entendu le Président Sarkozy à Libreville (pendant son voyage de février 2010) reprendre avec son « frère et ami » des termes comme le « Nouveau Partenariat gagnant-gagnant » entre d’autres propos qui sonnaient faux mais le quinquennat Sarkozy aura été un désastre pour l’Afrique. Ce serait totalement injuste pour nos frères et sœurs du continent noir de ne pas le reconnaitre.

D’une part, nous les Africains en général et les Acteurs Libres du Gabon, avons été assurément trompés par le Sarkozysme triomphant (de la fin de la première décennie 2000) sur ses promesses d’en finir avec la « Françafrique » alors même qu’il a eu via l’avocat Robert Bourgi le soutien de l’ensemble des potentats subsahariens, dans l’aire d’influence française.

D’autre part, nous n’avons pas pu voir à temps pourquoi l’affaire dite des « Biens Mal Acquis » a été et reste sans doute « une construction ». Pour passer rapidement sur ce point, ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a une disproportion entre l’ensemble des fonds actifs qui ont servi à acheter tous les Biens Mal Acquis par des Chefs d’état africains (quelques centaines de millions d’euros dans l’ensemble) et l’Argent Mal Acquis par la Françafrique en Afrique francophone (plusieurs milliards d’euros). De fait, entre les dictateurs qui ont piqué aux leurs des centaines de millions d’euros dans le dossier des Biens Mal Acquis (c’est déjà très grave) sous forme d’immeubles essentiellement et les bandits Françafricains (Noirs et Blancs) qui ont ramassé quasiment pour pas grand-chose, sur les terres africaines des milliards d’euros sans que les Africains n’en voient le juste retour sous forme d’investissements structurants, qui est le plus condamnable ? N’est-ce pas le Françafricain ? Précisons que le Françafricain est tout acteur politico-financier et affairiste pour éviter de dire maffieux qui s’est auto-convaincu qu’il manque quelques chromosomes à l’Homme noir … de ce fait, il est naturel de le voler, le spolier, le tuer, l’exiler en tous cas de le brimer par tous les moyens utiles et imaginables pour exploiter les richesses de sa terre à ses dépends. C’est ce que nous avons appelé naguère le « syndrome du primate à peine évolué ».

Ceci dit, il existe une différence fondamentale entre les Africains nés sous l’ère coloniale et ceux qui sont nés après les indépendances africaines (fin des années 50 et début des années 60). La génération postcoloniale n’a pas les mêmes complexes que ses ainés. Nous ne pensons pas qu’il faille se trainer à plat ventre à Paris pour « faire bouger l’Afrique » positivement. Nous ne nous voyons pas plus en « primate à peine évolués » qu’en « sauvages » armés de machettes pour découper des compatriotes au nom d’une logique ethnolinguistique. Nous croyons tout simplement que l’Afrique doit changer rationnellement parce que le monde a changé. Nous ne voulons pas élever la démocratie au rang de « nouvelle religion coloniale » qui précède les bombardements occidentaux car nous sommes plus concrets et plus pragmatiques : on ne mange pas la démocratie donc nous voulons d’abord manger, nous voulons notre argent, des maisons, des voitures, des châteaux en Afrique, des routes, des voies ferroviaires, des loisirs, de hôpitaux, nous voulons dépenser notre argent comme les Chinois ou les Arabes du Golfe (qui ne sont pas des démocraties) qui ont atteint des niveaux de vie trop enviables.

L’enrichissement à venir des populations africaines

Qui a donc mis dans la tête des dirigeants Occidentaux que l’enrichissement à venir des populations africaines est contraire à l’économie mondiale ? Désolé, messieurs du G8 ou du G20 mais vous n’avez pas eu besoin des « hordes de barbares » venus d’Afrique, pour « flinguer » vos économies. Vous êtes en train de payer votre rapacité et votre égoïsme sans oublier votre profond racisme géopolitique envers les populations africaines.

Jusqu’à quand allez-vous vous cacher derrière le manteau de la « civilisation occidentale » pour masquer vos crimes à vos électeurs ? Combien de temps pensez-vous encore cacher aux opinions occidentales que vous travaillez contre vos peuples autant que contre les Africains ? Il est évident que si vous travailliez pour la « civilisation occidentale », vos pays n’auraient pas des milliers de milliards de dettes malgré tout le mal que vous avez commis dans le monde, à commencer par l’Afrique.

Vous qui êtes des démocrates de gauche comme de droite en France, expliquez donc aux Français ce que vous avez fait de l’argent d’un petit pays, comme le Gabon, d’à peine 1 million d’habitants alors que nous sommes vos esclaves, votre cagnotte et votre poule aux œufs d’or depuis des siècles !? Vous exploitez nos richesses pour un coût dérisoire et vous les revendez sur le marché mondial presque cent fois plus, que faites vous du différentiel qui ne profite qu’à vous ? Pourquoi êtes-vous en crise économique ?

Nous espérons qu’un jour il y aura en France, des leaders d’opinion suffisamment audibles et crédibles (surtout pas BHL) pour expliquer aux Français et aux Occidentaux ce qui ne va pas, car à l’allure ou vont les choses, c’est une catastrophe qui attend tout le monde au bout de la route !

L’émergence gabonaise est une pure illusion – la réalité économique est valable pour tout le monde

La relance pour ne pas dire le lancement d’une économie digne de ce nom est pourtant fort simple et il n’y a pas besoin de maitriser toutes les subtilités des sciences économiques pour savoir comment les choses se passent : il faut assurer soit la production soit la consommation. En d’autres termes, ou bien l’état donne aux citoyens suffisamment d’argent pour consommer des biens et des services (salaires, crédits, subventions, prêts, bourses, métiers accompagnés, fiscalité d’encouragement, bonus, aide sociale …etc) ; soit on s’assure que dans le pays des entreprises quelque soient leurs tailles, vont assurer une production si importante que les prix vont baisser à cause de l’abondance des produits sur le marché. Si l’offre est importante, les prix baissent et un maximum de citoyens peut accéder à un niveau de vie supérieur. Cette simple démonstration montre que l’idée d’émergence gabonaise est une pure illusion. Ce n’est pas en transformant le bois au Gabon que nous allons résoudre le problème du peu de productivité des entreprises qui devraient d’abord être gabonaises ou parrainés par des Gabonais efficaces.

L’Afrique est exclue de la production comme d’une consommation véritable. Résultat ? Il ne reste que la corruption : celles des leaders Africains qui se servent sur la bête de l’État (le privant ainsi de ses capacités d’action efficaces) et celle des Françafricains qui ne voit dans nos pays (en particulier le Gabon) qu’une terre inconnue à exploiter et rien de plus. Le Gabon comme la plupart des pays francophones ne sont que des mines, des carrières ou des puits à exploiter … des arbres à couper. Ni plus ni moins ! C’est ce que pensent les compatriotes qui ont l’opportunité de diriger nos pays mais c’est aussi ce que pensent les Occidentaux au premier rang desquels nos amis Français. A aucun moment, ils n’ont réalisé que notre continent a une population très jeune (et donc potentiellement des consommateurs performants), les Occidentaux et les « Nègres » dont ils se servent pour nous mater, nous tuer et nous voler ne voient pas qu’avec nos terres agricoles, nous pourrions devenir le futur grenier de l’Europe …etc. Non, ils ne voient en nous que de bons sauvages qui ne méritent pas toutes les richesses que Dame Nature leurs a donné … Ce faisant, ils se tirent une balle dans le pied et scient la branche sur laquelle ils sont assis. C’est horrible mais c’est comme cela : nous ne sommes que des primates à peine évolués. Le savoir-faire c’est l’Homme blanc ! C’est ce que pensent au fond d’eux-mêmes les acteurs politiques de gauche comme de droite. Tant qu’ils auront leurs supplétifs à la tête de pays qu’ils ont eux-mêmes baptisé de nom ridicules, tout ira pour le mieux ! Toutefois, c’est un très mauvais calcul dans la mesure où la crise aidant, on voit peu à peu que dans cette affaire, l’Occident a plus à perdre que l’Afrique.

Une catastrophe annoncée qui se profile à l’horizon ?

Les dirigeants occidentaux ont refusé le principe d’un nouveau partenariat entre la France, l’Europe et l’Afrique mais quel est le résultat ? Une catastrophe annoncée qui se profile. Que la Grèce attende toujours les milliards d’aide des grands pays européens (qui vont creuser leurs dettes) est un signe du destin car l’Occident a commencé en Grèce, au milieu des Agora pour ne pas dire sous les chapiteaux corinthiens des cités de la Grèce antique. Que ce pays membre de l’euro-zone s’enfonce devant le monde entier doit être considéré comme un des signes avant-coureurs qui annonce la faim et la fin du monde occidental. Qui pourrait s’en réjouir ? Personne ! On sait ce qu’on perd mais nul ne sait jamais ce qu’on gagne. Les catastrophes n’étant jamais inéluctables, souhaitons juste qu’il reste encore suffisamment de réserves intellectuelles pour ne pas dire spirituelles pour que nous sortions tous grandis de cette crise, que le monde accouche enfin d’une vraie et authentique civilisation universelle dans laquelle les Africains auront toute leur place. Il n’est pas interdit de rêver.

Auteur: Bruno Ben MOUBAMBA - Activiste politique

Comments

[Ulrich Mba]

L'émergence gabonaise ne peut être une illusion économique! à partir de l'instant où, nous pouvons constater des changements. Bien qu'il soit trop tôt de dresser un bilan, entre ce qui a été dit et ce qui est aujourd'hui réalisé. Mais, nous pouvons au moins commenter la détermination du gouvernement dans le changement des maux qui minent la société gabonaise.