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6 novembre 2011

Gabon : L’UPG trois semaines après Mamboundou

L’Union du peuple gabonais (UPG) n’a attendu que trois semaines après la mort de son leader, Pierre Mamboundou, pour enregistrer son premier schisme retentissant. La formation politique est en effet divisée entre ceux qui voudraient aller aux élections et ceux qui campent sur la décision laissée par Mamboundou. Quels sont les déterminismes de cette situation ? Que se passe-t-il à l’UPG et quel est le proche avenir de ce parti ? Tentative d’explication… par les Upégistes eux-mêmes.
© D.R.
 
De nombreux observateurs se sont étonnés de ce qu’un parti dont les membres ont boudé l’Assemblée nationale à laquelle ils ont refusé les derniers hommages que cette institution devait rendre à leur leader décédé, en soit venu à faire une volte-face en acceptant de participer aux législatives du 17 décembre prochain. Surtout que la dernière sortie publique de Pierre Mamboundou, le 1er octobre à Rio, se rapportait au refus de participer à ces élections sans la biométrie.

Contrairement à Pierre-Claver Maganga Moussavou qui invoque la volonté de ses militants de base pour expliquer son changement d’avis, l’Union du peuple gabonais (UPG) se s’est pas référé à ses structures de base pour annoncer, le 15 octobre, sa décision d’aller aux élections.

L’union du peuple gabonais et la voix de son peuple

Selon les différents témoignages, la décision de l’UPG de ne pas participer aux élections avait été prise de manière collégiale lors d’un conclave du secrétariat du conseil exécutif. Généralement à l’UPG, toutes les décisions qui engagent le parti sont prises lors de ces conseils ayant souvent lieu les samedis. Or, «la partie de ceux qui souhaitent participer aux élections, se trouvant en minorité, a décidé de relancer le débat au retour de l’enterrement de Pierre Mamboundou à Ndendé. Ce qui n’avait jamais été vu du vivant de Mamboundou : une décision prise en réunion du conseil exécutif était vidée une fois pour toutes et on n’y revenait pas», explique un militant de longue date de l’UPG.

Le même militant poursuit : «par des subterfuges, les partisans de la participation aux élections sont parvenus à imposer un vote après réexamen de la décision arrêtée sur la position de l’UPG par rapport à ces élections. De bonne foi, le camp de ceux qui s’en tenaient à la décision arrêtée du vivant de Pierre Mamboundou, a accepté de jouer le jeu. Malheureusement, le jour du vote, le secrétaire exécutif, Mboumba Nziengui, qui assure l’intérim du président décédé, a exclu de manière arbitraire cinq personnes de la salle, aux motifs qu’elles n’étaient pas habillées de manière règlementaire, pour certains, et qu’elles avaient toujours un statut d’observateurs au sein du conseil, pour les autres. Curieusement, trois autres personnes qui étaient concernées par ces motifs sont restées dans la salle.»

A l’issue d’un tour de table et d’un débat qui laissait prévoir que la majorité, c’est-à-dire ceux qui s’en tenaient à la décision déjà arrêtée de ne pas participer aux élections, l’emporterait, le camp du "Non" a accepté de passer au vote, précisant cependant que ce vote ne pouvait avoir la préséance sur le point de vue de les organes de base du parti. Le "Oui" l’a pourtant emporté à l’issue de ce vote en comité restreint, par 16 voix contre 13. «C’est dans ce contexte que la tendance du "Oui" s’est précipitée devant les médias pour annoncer ces résultats sans obtenir l’avis de la base ainsi cela aurait dû se faire, afin d’avoir une position acceptée par tout le monde, considérant que la décision devait être prise de manière élargie», assure le président d’une cellule de l’UPG dans un quartier populaire de Libreville.

Les témoignages recueillis au siège de l’UPG le 4 novembre, racontent à l’identique que la base ayant pris connaissance de cette prise de position qui était contraire à la sienne et forte de ce qu’ «il n’y avait aucun élément nouveau qui puisse nous amener à participer à ces élections, aucun élément nouveau garantissant la transparence, aucun élément nouveau dans le système électoral et la biométrie n’ayant pas été introduite, nous voyons mal comment les choses peuvent nous garantir, en l’état, un nombre de député considérable.»

La base a donc décidé de convoquer une assemblée générale de crise, tenue le 4 novembre, à l’issue de laquelle elle a condamné la prise de position du secrétariat du conseil exécutif en se désolidarisant de cette décision et en réaffirmant le refus de l’UPG de participer aux législatives du 17 décembre.

L’argumentation des partisans du "Oui"

«Les partisans du "Oui", en tête desquels Fidèle Waura, Mboumba Nziengui, Roger Mouloungui, Moussavou Kombila, Olivier Koumba et Nyongui Hortense, auxquels ont ajoute tous les parlementaires (6 députés et 2 sénateurs) qui aimeraient rebeloter au parlement pour des considérations égoïstes. Et, en ce qui concerne les autres, il y a clairement des promesses de postes et éventuellement la participation à ce gouvernement qui devait déboucher des négociations entamés par le président Mamboundou avec le parti au pouvoir. Ces négociations étaient suspendues, il faut le dire, car le président Mamboundou avant sa mort était arrivé à la conviction selon laquelle il avait été le dindon de la farce. Le PDG n’ayant jamais fait les concessions qui s’imposaient», explique un membre du conseil exécutif de l’UPG qui a requis l’anonymat.

Un autre membre du même conseil de souligner : «Pour dire à quel point il y a manipulation, Mboumba Nziengui le secrétaire exécutif a annoncé, tout de go, aux membres du conseil que la famille du défunt président nous intime l’ordre de participer aux élections et donc de revenir sur notre décision. C’est à partir de ce moment que nous réalisons l’intrusion de la famille dans les affaires du parti. Vous devrez noter que Mboumba Nziengui est un membre de la famille du président Mamboundou. Il nous été rappelé, également à ce titre là que Mme Ouwé, également une parente au président Mamboundou, aurait demandé à Mboumba Nziengui d’agir selon les désidératas du président de la République qui lui, souhaitait une participation de l’UPG aux élections pour des raisons évidentes. Notamment pour valider et apporter un crédit international à ces élections.»

Il se raconte que face à la résistance des membres du conseil, Fidèle Waura, Mboumba Nziengui et quelques partisans du "Oui" à l’élection, ont développé une argumentation selon laquelle sans députés à l’Assemblée nationale, l’UPG se prive d’un groupe parlementaire et naturellement «le parti ne pourra pas survivre du fait que les députés sont supposés contribuer aux efforts financiers du parti. Cet argument a été battu en brèche par le fait qu’avec ses élus locaux, l’UPG a suffisamment de quoi vivre sur la base de la subvention des partis politiques.»

Le second argument brandi par les partisans du "Oui" est que «n’étant pas présents à l’Assemblée nationale, l’UPG n’existe pas et par conséquent ne pourra faire valoir ses points de vue. Ce qui a été battu en brèche par le fait qu’avec 5 députés, si une loi proposée n’obtient pas l’assentiment du parti majoritaire, elle ne passera pas», explique un étudiant membre de l’UPG.

Le membre du conseil exécutif de l’UPG ayant ci-dessus requis l’anonymat, poursuit : «On a également noté la volonté des cadres de l’UPG ressortissants de Ndendé de vouloir faire main basse sur le parti afin que sa direction puisse échoir à l’un d’entre eux. Et Fidèle Waura est aux bons rôles dans ce jeu, les ressortissants de Ndendé ne pouvant pour le moment aborder la question de manière frontale. M. Waura en escompte nécessairement quelques retombées.»

Dislocation ou renaissance de l’UPG ?

La dislocation de l’UPG est donc à craindre. On sait que ce parti a fonctionné jusqu’ici hors du cadre normatif. Il est à noter, par exemple, que le poste de président du parti et celui de Premier secrétaire n’existent pas dans les statuts ni dans le règlement intérieur de l’UPG. Ces postes étaient devenus effectifs par le seul fait d’une dérogation du fondateur de cette formation politique. Autre exemple, on note à l’article 26 du règlement intérieur de l’UPG que le secrétaire exécutif, qui assure toutes les affaires du parti et décisions importantes, doit être élu, de même que le secrétaire général. Or, à l’UPG aucun des occupants actuels de ces postes n’a été élu. Ils ont tous été nommés.

On peut donc en déduire que si le poste de président de l’UPG occupé par Pierre Mamboundou était un fait accompli, accepté de facto dans la mesure où il était l’un des fondateurs de la structure politique, désormais cela ne saura prévaloir. De nombreux hiérarques de ce parti estiment que «les personnes nommées du vivant de Mamboundou n’ont plus de prérogatives légitimes au stade où nous sommes. D’où la nécessité d’un congrès qui permettra à l’UPG de renouer avec la norme, mais aussi de fonctionner avec des cadres légitimes, puisqu’ils seront élus de manière régulière. Or, aujourd’hui, tout ce qu’on peut attendre du secrétaire exécutif comme du premier secrétaire politique et du secrétaire général, c’est simplement d’assurer les affaires courantes et conduire le parti au congrès, qui est l’instance suprême du parti. Toutes les décisions prises en ce moment par M. Mboumba Nziengui et par Fidèle Waura sont des décisions qui ne reposent sur aucune légalité et qui sont donc susceptibles d’être contestées par la base.»

Alors que Mathieu Mboumba Nziengui a tout récemment déclaré que personne d’autre que lui ne peut désormais s’exprimer au nom de l’UPG, un membre de la hiérarchie de ce parti regimbe : «Il s’agit là d’une dérive autoritaire, dans la mesure où on n’en a pas débattu au sein du secrétariat du conseil exécutif. Nous avons été surpris de l’apprendre vendredi par voie de presse. Nous avons là la confirmation d’une dérive familiale dans le parti. Ils croient pouvoir utiliser le parti comme s’il s’agissait d’une affaire des seules familles Mboumba Nziengui, Mamboundou, des gens de Ndendé et du clan des Badjima auquel ils appartiennent.»

Si le congrès de l’UPG tant invoqué du vivant de Mamboundou, venait à se tenir, les sondages sommaires effectués autour du siège de ce parti à Awendjé, permettent de supputer sur quelques personnalités pour prendre la tête de la formation politique. Le nom le plus cité est celui de Jean-de-Dieu Moukagni, magistrat dont on doute tout de même de la capacité à abdiquer son statut de fonctionnaire. Mais on avance aussi Thomas Ibinga ou Mihindou Koumba.

Source : Gaboneco   

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