Décryptage du message de Faustin Boukoubi à Martine Aubry

Panique, forfaiture et lâcheté, mensonges, inculture diplomatique, récupération honteuse. C’est par ces mots qu’on peut qualifier l’interview accordée au JOURNAL DIALOGUE par Faustin Boukoubi le petit secrétaire général du PDG, parti illégitimement au pouvoir depuis 1968 au Gabon.

Panique d’abord en ce sens que le message de Boukoubi est un ramassis de justifications prématurées données à Martine Aubry premier secrétaire du parti socialiste français et indirectement au nouveau président français sans demande d’explication.

Cela est étonnant, d’autant plus que le PDG nous avait habitué jusque là aux insultes contre le Parti Socialiste Français comme l’avait fait le 26 décembre 2011 le rigolo Chartles Mvé Ellah qui prédisait « une échéance électorale périlleuse et bon vent » aux socialistes français.

Le message de Boukoubi constitue à cet égard une forfaiture doublée de lâcheté.

Mensonges ensuite lorsque que Boukoubi affirme qu’aucun dirigeant français n’a soutenu un processus électoral opaque au Gabon.

Boukoubi semble oublier que la reconnaissance précipitée de l’élection d’Ali Bongo alors que le contentieux n’était pas encore vidé par Nicolas Sarkozy et son gouvernement constituait une preuve de soutien direct et un encouragement à Ali Bongo pour parachever son putsch électoral à l’issue d’un processus électoral opaque et de la proclamation des résultats électoraux bidouillés par Jean François Ndongout, Roger Abogho Ella et Madeleine Mborantsuo.

Par ce parti pris, le pouvoir Sarkozy a contribué à empêcher le peuple Gabonais de choisir librement ses dirigeants.

Faut-il alors répéter à Boukoubi que l’opposition gabonaise a toujours été favorable à l’ingérence de la France et des autres partenaires du Gabon, et la trouve même nécessaire si elle contribue à garantir la vérité, la transparence électorale et la démocratie dans notre pays.

En affirmant donc qu’Ali Bongo et son Gouvernement sont entrain de prendre progressivement des dispositions pour des élections transparentes et démocratiques que François Hollande appelle de ses vœux, Boukoubi fait un aveu important et reconnait enfin que les élections organisées au Gabon ont été jusque là entachées d’irrégularités, comme celles qui ont permis à Ali Bongo d’arriver au pouvoir, ainsi que celles des dernières législatives du 17 décembre 2011 qui n’étaient que pure mascarade.

Enfin, Boukoubi donne raison à François Hollande, au PS et à l’opposition gabonaise qui ont dénoncé ce tripatouillage.

Suite à cet aveu de Boukoubi, il ne reste plus à Ali Bongo que de tirer la seule conclusion qui s’impose : celle de sa démission.

Mais Boukoubi souffre aussi d’une inculture diplomatique inexcusable, car faut-il le lui rappeler, la coopération entre le Gabon et la France se fait dans un cadre bien défini qui tient compte du contexte politique, économique et social, puis des enjeux stratégiques de chacun des deux pays. Boukoubi ignore t-il que la France ce n'est pas n'importe quel pays ? Qu’elle est un membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, membre du G8, du G20, qu’elle est dotée de l'arme nucléaire, qu’elle est fondatrice de l'Union européenne, etc., et que son poids au Gabon n’est comparable à aucun autre pays partenaire ? Que c’est grâce à sa présence économique, culturelle, et technique que fonctionne le Gabon, et que c’est par la présence dissuasive des légionnaires du 6ème Bima au Camp de Gaulle que les Bongo ont toujours menacé la population ?

Aujourd’hui, avec le changement de pouvoir en France, l’opposition gabonaise est déterminée à tout faire pour convaincre les nouvelles autorités françaises de se mettre du côté des peuples gabonais et africains qui ne défendent que leur liberté et leur souveraineté.

Récupération honteuse de l’idéale anticolonialiste enfin, parce que amnésique, Boukoubi semble avoir oublié le rôle joué par le système Bongo et le PDG dans la pérennisation de la françafrique sur le continent.

Les stigmates sur les familles endeuillées, les populations appauvries, les richesses pillées et les retards accumulés par la faute de ce sinistre système sont si profondes que Boukoubi feint d’ignorer cette vérité et se trouve de cet fait très mal placé pour mener une telle cabale contre la France, contre François Hollande et contre la Parti Socialiste français.

En tout cas, aucun africain n’est prêt à verser son sang ou une larme pour défendre le régime usurpé d’Ali Bongo, et c’est tant mieux ainsi.


Source: PETIT-LAMBERT OVONO - LE GABONOSCOPE