Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
POUR UN GABON MEILLEUR!
POUR UN GABON MEILLEUR!
Archives
Derniers commentaires
20 mai 2014

Gabon : QUE PEUT FAIRE L’OPPOSITION GABONAISE ? DE PAULETTE OYANE ONDO

  1.    Paulette Oyane Ondo (photo: Jeune Afrique)
    TRIBUNE DU CDDH-GABON
    Que peut faire l’Opposition Gabonaise?
    (Ce que je crois)
    Il convient d’abord de reconnaître que la situation dans laquelle nous sommes englués aujourd’hui résulte d’un long processus de dégénération des valeurs et des principes, d’une déliquescence des mentalités savamment planifiées par le système politique qui tient le Gabon dans un étau depuis 1967. La période de 2009 à maintenant constitue l’apogée de ce système vicieux.
    L’année 1990, avec son fameux vent de l’Est et autre discours de la Baule, n’a apporté au Gabon qu’un multipartisme relatif et rien d’autre.
    Le système de parti unique, qui a existé jusqu’en 1990, avait au moins ceci d’objectif qu’idéologiquement le vote ne signifiait rien. La dénégation de la démocratie et des libertés fondamentales était clairement établie. D’ailleurs, selon les paroles d’une célèbre chanson du groupe d’animation Centre-Ville : « nous ne ferons plus de vote au Gabon, car le vote constitue un recul pour le progrès et le développement… ». On croit rêver !
    Ce genre de chanson était rabâché à la radio en zone rurale et à la télévision dans les villes, tous les jours que Dieu fait. Tous les jeudis étaient au demeurant consacrés exclusivement aux groupes d’animation. On buvait le calice jusqu’à la lie.
    L’ouverture dite démocratique de 1990 a été ce que l’adage populaire appelle : « l’enfer pavé de bonnes intentions » en ce qu’elle a installé une hypocrisie généralisée. On a fait croire au peuple que désormais sa voix allait compter, alors que depuis 1990, sur les 2555 jours que compte un mandat présidentiel, les politiciens, aspirants au fauteuil présidentiel et celui qui y est assis et qui naturellement n’entend pas s’y lever, n’ont besoin du peuple que pendant un seul jour, celui de l’élection présidentielle, justement pour faire de la figuration, car tous nos politiciens savent comment les choses se passent réellement. Pendant les 2554 autres jours, les politiciens gabonais n’ont pas besoin du peuple et vont donc lui tourner le dos pour ne penser qu’à eux-mêmes, d’autant qu’ils considèrent que le peuple n’a que ce qu’il mérite, puisqu’il vend son vote contre une bouteille de bière, un sandwich au saucisson à l’ail, 2 ou 3 ailes de dindons pourries et, pour les plus chanceux, un billet de 5000 francs.
    La question qui se pose sérieusement est de savoir si dans ces conditions, notre Nation, qui accepte se faire traiter de la sorte, peut en son for intérieur être choquée par les résultats des élections, par les conséquences pouvant découler tôt ou tard de sa propre complaisance et de sa passivité pour ne pas dire complicité.
    Quelque chose va-t-il changer radicalement dans le mode de pensée de nos politiciens auxquels le peuple a donné le droit de le mépriser ?
    Jusqu’ici, nos politiciens, tous bords confondus, n’ont qu’une facette, qu’un volet de la déliquescence générale. Sous leurs habits modernes, si je puis dire, se cache une psychologie archaïque dominée par des jugements approximatifs, intéressée seulement par ce qui va dans le sens de leurs intérêts personnels ou partisans. Ils s’amusent avec des concepts sans prise sur les mentalités, sans rapport avec notre stade d’évolution sociale. Plus d’un quart de siècle après l’apparition du multipartisme, aucune alternative au système qui gère le pays depuis 1967 n’est formée.

    L’Opposition au sens politique, moderne et rationnel n’existe pas encore, elle est à créer. Et ce n’est pas parce que le pouvoir a tort, grandement tort et absolument tort que ce qui tient lieu d’opposition a raison. Si elle dit vrai dans le « procès » du régime, elle ne fait pourtant rien de tangible pour se préparer à le remplacer.
    L’avenir du Gabon passe par le changement du système de fond en comble, mais celui-ci n’aura pas lieu sans l’assainissement des idées concernant les fondements, l’organisation et les objectifs clairement définis par l’opposition.
    Il faut repenser la vie politique gabonaise. Une vie politique qui ne soit pas égocentrique, c’est à dire centrée sur les leaders, ni allocentrique, c’est à dire obsessionnellement tournée vers le pouvoir, mais orientée vers l’esprit des réformes, vers le peuple pour lui apprendre l’engagement militant et la société pour l’engager dans la production des idées civiques et des comportements citoyens. Alors seulement la nation gabonaise pourra rêver de pouvoir gagner un jour contre un Mameluk qui voudrait placer ses déficiences personnelles, sa dynastie ou ses domestiques au-dessus de nos têtes.
    Ces derniers mois, beaucoup de figures politiques ont lancé des initiatives très louables, et qui semblent d’ailleurs plaire à la population. On gagnerait à ce que ces initiatives soient assorties de modalités pratiques. L’histoire nous apprend que les réactions populaires peuvent constituer un leurre, et qu’il serait illusoire de confondre des marques de sympathie avec une adhésion profonde du peuple, un encrage réel dans le cœur des populations, afin d’en établir des bastions idéologiques. A titre d’illustration, aux dernières élections présidentielles d’avril 2014 en Algérie, les meetings du candidat Ali BENFLIS refusaient du monde, pourtant ce dernier a fini avec un score de 12%. Il conviendrait d’en prendre conscience maintenant, au risque de tomber de travers et essuyer les mêmes échecs que dans le passé.
    Notre pays est en danger. Il est au premier chef menacé par la disqualification définitive d’un régime irrédentiste qui s’obstine à exciter les causes de mécontentement populaire par le seul fait de s’accrocher au pouvoir depuis 47 ans, un pouvoir que le peuple lui conteste tous les jours par bien des façons. Mais notre pays est aussi menacé par les antagonismes de l’opposition et de la société civile, nos efforts divergents, nos peurs réciproques, nos irrationalités respectives, notre confirmation régulière de notre manque de sens collectif qui est d’ailleurs partagé par le peuple lui même qui n’a pas non plus de sens collectif.
    Il faut construire un nouveau Gabon. A cette fin, L’opposition gabonaise doit d’abord travailler à son unité qui est la seule voie possible dans le cadre d’une élection à un tour, dans un pays comme le Gabon, avec la technostructure que l’on connaît et qui est entièrement vouée à la perpétuation du régime politique en place.
    L’opposition gabonaise doit être capable de comprendre que l’unité ne signifie pas l’uniformisation. Ce qui lui permettra de régler les problèmes d’égo. Car, ce n’est pas parce que l’on se met ensemble pour fédérer ses forces afin atteindre un objectif que l’on perd chacun sa propre substance.
    C’est pourquoi, il est inopportun pour l’opposition, pour l’instant, de parler de candidature qu’elle soit unique ou pas.
    Une fois l’unité réalisée, l’opposition gabonaise unie doit se fixer des objectifs précis comme par exemple, l’évacuation du système actuel qui doit être un point d’accord pour le monde.
    Qu’il le soit dans paix sociale doit être le deuxième point d’accord.
    Apres la définition des objectifs, l’opposition doit réussir à convenir d’un discours de salut public, assorti d’un programme économique adapté aux problèmes urgents des gabonais. Une telle démarche serait la preuve sublime qu’elle est en mesure d’assurer la transition pacifique vers une alternance démocratique. Elle couperait alors l’herbe sous les pieds du pouvoir en place qui nous a habitués depuis toujours à sa démarche qui s’apparente à une « politique de la terre brulée », avec son usage systématique de la violence aveugle et gratuite, assortie de déclarations funestes telles que : « si on essaie de me faire partir du pouvoir, on chercherait en vain le Gabon sur la carte du monde ; si l’on est pas avec moi c’est que l’on est contre moi, etc. »
    L’Opposition gabonaise unie doit ensuite éditer un document pédagogique résumant, en une dizaine de points, les propositions saillantes de son programme qu’elle distribuera le moment venu gratuitement à l’ensemble de la population gabonaise, et le traduira dans toutes les langues du Gabon.
    L’opposition gabonaise unie doit apparaître entourée d’une task-force constituée de figures marquantes pour montrer qu’elle est entourée d’une équipe de gouvernance performante.
    L’opposition gabonaise unie doit obligatoirement aller à la rencontre de la société réelle à l’intérieur du pays, dans les zones de non prospérité et dans les quartiers sous intégrés, s’asseoir par terre et, si possible, manger dans les feuilles de bananiers en faisant comme les populations qu’elle visite. Aucun bourg, ni village aussi petit soit-il ne doit être oublié, ni négligé. Macky Sall l’a fait au Sénégal. Il a pris plus d’un an pour sillonner tout le pays. Visitant le moindre coin et recoin. Plantant sa tente là où il pouvait pour vivre par lui même les réalités du Sénégal profond.
    L’opposition n’a de sens et d’impact que par son enracinement dans la société et son impact sur le terrain.
    Les élections présidentielles auront lieu dans un peu moins de deux ans, il est temps que l’opposition mette en place des mécanismes de contrôle du dispositif des opérations électorales.
    Se limiter à contester les résultats après le scrutin sans avoir d’emprise réelle sur l’effectivité des opérations électorales est une option sans lendemain qui confine même à de la naïveté. Il y a une maxime de bon sens qui dit : « il n’y a pas de citadelles imprenables, juste des citadelles mal attaquées ».
    La réalité gabonaise est qu’il existe une société réelle et une société virtuelle. La société virtuelle, qui est composée par les appareils et les institutions ainsi que les personnes qui les composent, est une société moribonde.
    La société réelle, tous les « laissés-pour-compte » et les forces vives qui aiment le Gabon, est une société qui déborde d’énergie. Avec un potentiel de contestation immense. Mais cette société réelle manque d’encadrement. L’avenir de cette société dépend d’abord de l’émergence d’une véritable élite et ensuite de la capacité de cette élite à s’engager pour la mobiliser utilement. A défaut, cette énergie débordante peut conduire à une réaction spontanée sous forme de jacquerie violente. Et dans ces conditions, les manifestations massives des populations peuvent entrainer quelque chose de positif qui conduise à la mise en place d’une transition démocratique. Il ne faut pas perdre de vue que l’armée va tirer sur la foule comme à son habitude. Mais les temps ont changé, très peu de régimes politiques aujourd’hui peuvent tirer sur leurs propres populations, commettre des crimes de masse et des crimes contre l’humanité et conserver le pouvoir après de telles atrocités. Et le régime gabonais n’est pas le régime syrien.
    L’opposition gabonaise devrait donc en profiter pour capitaliser le mécontentement de la société gabonaise réelle, en être le porte-voix et son représentant effectif.
    Ce n’est qu’ainsi qu’elle impressionnera les observateurs de tous bords et se posera en alternative crédible.
    Enfin, c’est ce que je crois…
    P2O
    Source : Charlie M. - Le Gabon énervant
Publicité
Commentaires
POUR UN GABON MEILLEUR!
Publicité
Publicité