Impossible à donner sur une place publique, le meeting annoncé de Jean Ping, le 14 juin 2014 à Franceville, chef-lieu de la province du Haut-Ogooué et fief natal des Bongo, a finalement tourné à la causerie politique dans une enceinte privé. Le résumé d’une incursion essentiellement relayée par les réseaux sociaux.

Vue partielle du meeting de Jean Ping à Franceville chez Albert Yangari. © D.R.

Vue partielle du meeting de Jean Ping à Franceville chez Albert Yangari. © D.R.

«Ils ne savaient pas que c’est impossible, alors ils l’ont fait». Cette formule de Mark Twain qui explique bien des audaces folles, et la raison pour laquelle elles réussissent parfois, pourrait s’appliquer à Jean Ping et aux Souverainistes de l’Union nationale qui ont tenu, le samedi 14 juin 2014, une grande causerie politique à Franceville dans le Haut-Ogooué. L’impossible s’est donc réalisé, devrait-on dire, dans cette province qui avait été interdite de campagne électorale à certains candidats à l’élection présidentielle de 2009, notamment André Mba Obame.

Scènes éparses de la rencontre de Franceville, le 14 juin 2014. © D.R.
Scènes éparses de la rencontre de Franceville, le 14 juin 2014. © D.R.

Si l’évènement a souffert d’une grave défectuosité en communication, on sait, par les réseaux sociaux et en attendant le reportage de TV+, un des rares médias conviés, que tous les lieux publics sollicités pour abriter ce qui devait être un meeting ont été refusés à la délégation de l’opposition, par les autorités administratives du chef-lieu de la province, fief natal des Bongo. Si bien qu’Albert Yangari, hiérarque du Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ), a dû prêter l’immense cour de son domicile privé afin d’accueillir la rencontre. Le lieu, connu quelques heures seulement avant l’évènement, n’a finalement pas enregistré l’affluence escomptée. «De nombreux Francevillois n’ont pas su à temps où le meeting devait finalement se tenir et n’ont donc pas pu faire le déplacement, tandis qu’un grand de ceux qui ont reçu l’information ont craint que la manifestation ne soit chargée et dispersée», a expliqué, joint au téléphone, le chef de l’équipe de reportage de TV+ sur les lieux, avant d’ajouter : «je peux cependant soutenir qu’il y a eu du monde».

Jean Ping était accompagné de Jean Eyéghé Ndong, ancien Premier ministre et actuel vice-président de la semi-clandestine Union nationale (UN), de Jacques Adiahénot, ancien secrétaire général du Parti au pouvoir, de Jean Ntoutoume Ngoua, hommes d’affaires et ancien candidat à l’élection présidentielle du 30 août 2009, de Joël Nzegouma Ngouenini, leader d’une formation politique dénommée les 7 Merveilles du Peuple (7MP, opposition), du Dr. Alphonse Louma et de l’essentiel des membres du courant des Souverainistes de l’UN dont Francis Aubame, le Pr Joseph John-Nambo, Radegonde Djenno… Il a été aidé, pour l’organisation de cette rencontre, par Michel Mpega (ancien homme fort de la Direction générale des contributions directes et des domaines) et Philibert Andzembé (ancien gouverneur de la BEAC).

L’essentiel du message de Jean Ping aux Gabonais du Haut-Ogooué a tourné autour de ce qu’il a déjà décliné sur divers médias depuis sa rupture avec son ancienne famille politique. D’autres orateurs ont également pris la parole au cours de cette rencontre. Notamment Jean Eyéghé Ndong, Michel Ongoundou Loundah (Souverainiste et ministre de la Défense du gouvernement dit du PNUD d’André Mba Obame) et Joël Nzegouma Ngouenini des 7MP. Natif de Franceville, ce dernier a lancé à l’assistance : «en vous voyant si nombreux, comment douter de la réalité de la profondeur et de la force de la vague et du vent du changement et de l’alternance ? Ce vent est en train de se former pour donner une autre tournure à l’histoire de notre pays le Gabon. Il est en passe de concrétiser ses premiers actes. Et, dans quelques mois, son offensive nous montrera la direction à suivre et nous vous invitons, d’ores et déjà, à marcher à nos cotés vers cette nouvelle destinée. Car, disons-le 2016 = 2014+2 […] Nous sommes venus rassurer les Altogovéennes et les Altogovéens parce que nous savons que le combat du changement est aussi le leur. Nous sommes ici pour vous rassurer que nous ne laisserons personne faire du mal au Haut-Ogooué et aux Altogovéens. Il faut donc nous faire confiance car le Haut-Ogooué aura assurément une place de choix au moment de la reconfiguration politique. Alors, je vous pose la question : de quoi avez-vous peur ; de qui avez-vous peur ?» Son message n’aura pas été si différent de celui de Jean Ping.

Se résumant, à ce propos, l’ancien ministre des Affaires étrangères a indiqué sur son compte Facebook : «je suis heureux d’avoir échangé avec nos frères du Haut-Ogooué. Je retiens de nos discussions que notre pays dans son ensemble a besoin de changement. Il n’y a aucune province privilégiée dans notre pays. Tout le territoire national croupit actuellement dans une misère que l’on n’a jamais connue. Comme tous les autres Gabonais, ils n’ont pas vu la réalisation des promesses du pouvoir en place depuis 2009. Nos compatriotes que nous avons rencontré aujourd’hui, nous ont dit leur soif de démocratie

Selon un média confidentiel généralement bien informé, La Lettre du continent, «tous les hôtels de Franceville [ont] étrangement affiché ‘’complet’’ les 14 et 15 juin, quelques heures avant l’arrivée de Jean Ping et de sa délégation dans la capitale du Haut-Ogooué, province natale des Bongo». La tournée de Jean Ping devrait se poursuivre à travers d’autres provinces, notamment le Woleu-Ntem et elle devrait s’achever en août à Port-Gentil, dans la province rebelle de l’Ogooué-Maritime, fief natal du nouveau dépréciateur d’Ali Bongo, où celui-ci vient d’effectuer un recrutement de leaders en vue de la mise en œuvre du «Pacte social».

 

Source : GabonReview