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POUR UN GABON MEILLEUR!
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13 mai 2012

UUNE ANALYSE DU MESSAGE DE JEAN EYEGHE NDONG À HOLLANDE ET À LA FRANCE

Nombreux sont les lecteurs anglo-saxons qui, suite à la publication de la déclaration de l’ancien Premier Ministre Jean Eyeghe-Ndong, nous ont demandé de contextualiser pour eux, la teneur du message qui leur paraissait assez cryptique ; ce qui est normal quand on ne vit pas les relations franco-africaines au jour le jour comme les ressortissants des pays de la Françafrique. Dans ce billet, en réponse à leurs questions, nous nous permettons une analyse des propos de Jean Eyeghe-Ndong.
 
1. Pourquoi s’être adressé directement à la France et à Hollande ?
 
Le texte de l’ancien Premier Ministre témoigne d’un regard non complaisant sur les rapports franco-africains et révèle de la part de son auteur, une honnêteté étincelante et une vigueur remarquable, qui n’ont d’égal que sa rage vis-à-vis des forfaits commis par Ali Bongo depuis sa prise du pouvoir grâce au soutien à peine voilé du président français sortant, Nicholas Sarkozy. D’entrée, Jean Eyeghe-Ndong peint un tableau lamentable des comportements collisionnés entre Sarkozy et les auteurs du push électoral gabonais de 2009. Ce recadrage est important car si Hollande veut aller plus loin que ses promesses électorales en terme de profonde modification des rapports franco-Africains, il faut que ce soit les africains qui définissent les termes des injustices dont ils sont victimes. Il ne s’agit pas pour la France de venir imposer le type de reformes cosmétiques qui seront mis en vigueur, car si c’est sur cette voie que se range Hollande, alors il faut y opposer la résistance la plus énergique. C’est pour cette raison qui était important pour Jean Eyeghe-Ndong de décrire à Hollande les conséquences des agissements de la France au Gabon, qui aboutissent aujourd’hui sur un pays rongé jusqu'à la moelle. Il était important pour Jean Eyeghe-Ndong de faire savoir à Hollande que s’il le veut, il peut changer la donne entre la France et l’Afrique, d’une manière qui préserve les avantages des deux parties. La situation d’exploitation actuelle, qui veut que des gens aussi incapables qu’impopulaires soient les garants des intérêts français en Afrique en général et au Gabon en particulier, a fait son temps et n’est plus ni supportable, ni même gérable à long terme pour la France. Les fissures et les lézardes sont déjà visibles dans plusieurs pays d’Afrique. Ce système doit mourir de sa plus belle mort et ce le plus rapidement possible. En s’adressant directement à Hollande, Jean Eyeghe-Ndong a voulu lui faire savoir qu’en Afrique, contrairement au discours des tenants de l’ordre actuel, l’opposition à la Françafrique n’est pas que le fait de certains «illuminées » voulant en découdre avec la France, comme l’ont souvent soutenu les dictateurs équatoriaux. Mais plutôt que les africains francophones en général et gabonais en particulier, réfléchissent par eux-mêmes et remarque que l’Afrique anglophone s’en sort plutôt bien sans la présence maternelle de la Grande-Bretagne ou des USA, alors pourquoi interdire à l’Afrique francophone cette autonomie qui lui permettrait de choisir ses dirigeants en fonction de ses propres intérêts, qui ne seraient pas au demeurant nécessairement en conflit avec ceux de la France ? François Hollande ne vit pas les réalités de l’Afrique, il était important pour Jean Eyeghe-Ndong de lui dresser un tableau lucide et fidèle de ces réalités telles que causées en partie par l’interventionnisme Français.
 
2. Il fallait clairement prendre les devants et baliser pour Hollande, ce que devront être les futurs rapports entre le Gabon et la France
 
C’est sur ce point que le propos de Jean Eyeghe-Ndong a été le plus judicieux. Il a fait le contraste entre l’arrogance constante de Sarkozy et le discours politique fait foncièrement de partage et de solidarité, de Hollande. Qui plus est, Jean Eyeghe-Ndong fait clairement référence au discours de la hiérarchisation des civilisations honteusement entretenu par Sarkozy et désormais symbolisé par le discours de Dakar, dans lequel il affirmait avec mépris que les africains n’étaient pas entré dans l’histoire. Jean Eyeghe-Ndong dit clairement à Hollande que les gabonais sont prêts à le rejoindre à mi-chemin, dans la lutte contre la manipulation des peurs et la politique des boucs émissaires, comme méthode de maintien au pouvoir des dictateurs faisant croire à la France que leurs intérêts s’effondreraient si d’autres Africains moins enclins à préserver le monopole Français dans les économies d’Afrique Francophone, advenaient au pouvoir. Jean Eyeghe-Ndong s’écarte donc ostensiblement et intelligemment, de la stigmatisation facile et gratuite de la France, en séparant carrément les travers de Sarkozy qui s’allie aux Bongo, et les ambitions à long terme de la France. Jean Eyeghe-Ndong tend une perche à Hollande, en lui proposant des relations franco-africaines saines et acceptables aux deux parties, sans que l’on ne soit obligé de toujours revivre la dialectique du maitre et de l’esclave. En filigranes, Jean Eyeghe-Ndong dit à Hollande que l’on ne peut pas avoir combattu le discours d’exploitation des masses en France et soutenir que les intérêts Français perpétuent un esclavage économique et politique brutal en Afrique. Les Africains sont désormais prêts à dénoncer ces écarts.
 
Grace à ce texte, Jean Eyeghe-Ndong met la balle dans le camp de François Hollande et lui donne l’opportunité de démontrer si oui ou si non, ses déclarations électorales n’étaient que des incantations sans lendemains. L’avenir nous le dira ; mais en ce qui concerne Jean Eyeghe-Ndong, il aura fait son travail d’homme politique d’envergure. Il aura clairement défini le référentiel qui devrait servir de cadre aux relations Franco-Gabonaises. C’est à François Hollande de jouer, car Jean Eyeghe-Ndong a déjà poussé le premier pion.

Auteur: Charlie M. - Le Gabon énervant
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