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POUR UN GABON MEILLEUR!
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1 juillet 2013

UN GRAND BRAVO À J. MOULENDA POUR SA DÉCISION COURAGEUSE DE QUITTER L'UNION

  1. JONAS MOULENDA DÉMISSIONNE DU QUOTIDIEN GOUVERNEMENTAL GABONAIS, “L’UNION”
    Photo: J. M.
     
     
    1. L’un des tous meilleurs journalistes gabonais, qui s’est révélé depuis les évènements de Port-Gentil en 2009, par son opiniâtreté, son courage et sa fidélité à la vérité, vient de démissionner du quotidien gouvernemental « L’Union ». Nous reviendrons sur cette démission de manière plus analytique, mais pour l’instant, nous vous laissons méditer sur sa lettre à ses amis et lecteurs, les informant de sa démission et leur en donnant les raisons. Une lettre qui prouve qu’il y ait encore des HOMMES au Gabon !
       
      Lettre à mes amis 
       
      Mes chers amis
      C’EST avec le cœur étreint d’émotions que je vous écris ce soir pour vous annoncer une décision douloureuse que je viens de prendre après une profonde réflexion. 
      Comme vous le savez, il est des moments dans la vie où chacun de nous est appelé à choisir la direction à prendre même si l’issue de celle-ci semble incertaine. C’est 
      ce qui m’arrive présentement. Personnellement, je ne regrette jamais mes choix. Je suis plutôt aveuglé par le chagrin de ce qu’aurait été ma vie si j’avais choisi un autre chemin. 
      Je viens de faire un choix douloureux: j’ai décidé de partir du journal L’Union. En effet, mes conditions de travail y sont devenues extrêmement difficiles depuis 2009. Certes, la vie d’un journaliste engagé au service de la vérité n’est pas un long fleuve tranquille, mais je ne supporte plus la pression exercée sur ma personne par des gouvernants exaspérés par ma liberté de ton. 
      Je dois donc m’en aller. Ma démarche n’est pas une fuite en avant, loin s’en faut. Je voudrais tout simplement faire valoir ma clause de conscience et laisser en paix les gouvernants avec ‘’leur’’ journal, qu’ils voudraient transformer en une caisse de résonance. 
      Oui, je m’en vais. Je suis fatigué d’être muselé. Si le fait d’être journaliste de L’Union me dépossède de ma liberté d’opinion, je préfère m’en aller. Mes prises de positions exaspèrent nos dirigeants. Pour dispenser le directeur de la publication de L’Union du sort subi par son prédécesseur, il vaut mieux que je parte, mes prises de position personnelles étant perçues comme un crime de lèse-majesté.
      En réalité, le pouvoir demande ma tête depuis la tempête que j’avais déclenchée le 25 Septembre 2009 avec ma série de reportages intitulés ‘‘Je reviens de Port Gentil.’’ Si je suis resté jusqu’ à présent à L’Union c’est par ma force de travail. Issu d’un milieu défavorisé, j’avais compris dès le début de ma carrière que mon seul parrain était le professionnalisme. 
      Dans toutes les rédactions ou j’ai servi, à L’Union, à Africa N1, ou à TV+ dont j’ai été l’un des premiers journalistes, je n’ai jamais été un cancre. J’ai souvent été viré pour des considérations partisanes. Par-delà les persécutions, je suis émerveillé que le jeune homme que je suis a réussi à évoluer sans parrain ni être affilié aux réseaux maçonniques qui ont pignon sur rue dans le pays.
      Avec les changements intervenus au sommet de l’Etat, j’avais pensé que je serais jugé à l’aune de mon travail et non sur la base de mes convictions personnelles. Mais hélas ! Que d’espoirs perdus ! J’avais, par exemple, pensé que mes lettres adressées respectivement au Premier ministre, au président de la République et à Dieu au sujet des crimes rituels seraient perçues comme une sonnette d’alarme mais elles ont été accueillies comme des glaives destinés à transpercer les cœurs de nos dirigeants. Des situationnistes ont vite fait d’aller voir le président de la République pour demander que je sois viré de L’Union. Quelle déception pour un pays qui prétend être démocratique !
      Mes chers amis, je suis fatigué de subir des avanies et des persécutions parce que je refuse d’aller à Canossa. Loin de moi l’idée de capituler, j’ai décidé de partir de L’Union pour aller exercer ailleurs et mieux faire valoir mon talent. Le harcèlement, les sanctions fantaisistes et le dénigrement de ma personne à travers des journaux du pouvoir animés par de petits lapins à la recherche de la carotte, j’en suis lassé ! Tout ce que je demande à nos dirigeants c’est de me lâcher les baskets quand j’aurai quitté leur journal. La vie continuera. A 35 ans, j’ai encore beaucoup de choses à faire pour mon pays que j’aime tant.
      Au moment où je décide de m’en aller, je voudrais rendre un vibrant hommage à mes collègues qui supportaient d’un seul front les tempêtes que je déclenchais avec mes articles. Ils vont beaucoup me manquer. Comment en faire autrement? Je suis poussé vers la porte de sortie par les pourfendeurs intéressés de la presse. Peut-être, nos chemins se rencontreront-ils de nouveau un jour.
      Notre estime réciproque et l’attachement que nous nous portions se sont souvent intensifiés avec les périodes sombres que j’ai parfois traversées. Pendant toutes les années que j’ai passées a L’Union, ils ont été tout mon réconfort. Ils avaient accepté de porter le lourd fardeau d’être les compagnons de travail d’un déclencheur de tempêtes. Leur flegme et leur détermination ont renforcé l’affection que j’ai pour eux. 
      Au moment où j’apprête à prendre mon long chemin, serpentant par heurs et malheurs, je puis les rassurer que j’essaierai de ne pas faire de faux pas. Et si malgré tout je trébuche, le Père Tout-Puissant m’attrapera par la main pour que je ne tombe. ‘‘ La vache sans queue, c’est Dieu qui lui chasse les mouche,’’ disait d’ailleurs mon grand-père. 
      Mes chers amis, j’ai une pensée toute particulière pour vous tous qui m’avez toujours soutenu même dans les périodes difficiles. Je prierai toujours le Seigneur pour qu’il veille sur vous. Vous aussi, ne m’oubliez pas dans vos prières. Priez aussi pour que notre pays qui excelle dans le mal se ressaisisse.
      Que Dieu bénisse le Gabon !
       
      Auteur: J. Moulenda
     
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